A.I.C. (Antiinformation Cassettes) :: Label CDR :: Hambourg

AIC est un micro label allemand basé à Hambourg, dédié aux musiques électronique expérimentale, industrielle, Noise, concrète, Cut-ups et autres collages sonores. Fondé en 2002 par Oliver Peters et Nicolas Wiese, le catalogue comporte 14 publications à ce jour, avec un packaging résolument ancré dans la culture k7 des années 80. Reçus dans un seul et même colis, comme une invitation au voyage auditif, voici une compilation de brèves impressions pour une vraie découverte dans tous les sens du terme. D'abord pour la joie de retrouver le simple plaisir de l'écoute sans a-priori ou idées préconçues, lues ou entendues et enfin parce que cette immersion dans la culture Noise en valait vraiment la chandelle. Dans l'ordre d'écoute :


A.I.C. (Antiinformation Cassettes) :: Label CDR :: Hambourg


TBC - EILEITHYIA (1)

Premier disque : TBC. Derrière ce pseudo, se cache Thomas Beck (TB). Un activiste sonore qui s'est forgé une solide réputation outre Rhin, aux commandes de son propre label : Wachsender Prozess label. TBC est son projet solo. Les deux pièces proposées ici se situent quelque part entre la Noise Indus et les expérimentations les plus sombres de la musique concrète. Radical et d'une richesse incroyable !

SONATA REC (2)
Encore un pseudo derrière lequel se cache cette fois-ci une femme : Heidrun Schramm. Ses compositions sont créées à base de Fields recordings, samples et de bruits produits au moyen d'objets ou d'instruments divers : synthétiseur, violoncelle... Mélangés et retraités, ces échantillons de bruits donnent vie à des Soundcapes, doucement rythmés et intrigants. Le choix du pseudo devient alors plus compréhensible : sonates (de bruits divers) retravaillées (touche REC d'un enregistreur) !

TOTSTELLEN / EVAPORI - DRIFT (3)
Tout d'abord un constat désarmant : malgré le packaging de ce Split CD au concept élaboré, ce dernier ne donne que très peu d'informations. Heureusement le World Wild Web est là pour venir à notre secours. Intéressons-nous d'abord à Totsellen aka Gerda Grimm. Est-ce de la musique industrielle ? Oui et non pas tout-à-fait. C'est dense, noir, raffiné et peuplé de paysages imaginaires à base de Field Recordings sur lesquels interviennent au loin, un violon et une contrebasse. Bruitiste et convaincant : 22 minutes de bien belle facture. Evapori, le second disque est l'oeuvre de Oliver Peters qui signe, ici, un enregistrement sous son propre label. Sa musique est plus rugueuse, plus directe et clairsemée de bruits qui viennent enrichir constamment la palette sonore comme aimantée par une masse imposante, atmosphérique et structurée !

[-HYPH-] - IRREVELANCE.AIF (4) + <BREATHING GADGETS> (5)
Dans l'ordre d'écoute, voici maintenant 2 disques de [-Hyph-] aka Nicolas Wiese, l'autre mentor du micro-label. Musique numérique, procédés électroacoustiques, la recette et le mode opératoire sont sensiblement les mêmes. Le rajout de sonorités acoustiques non retraitées et reconnaissables apporte cependant un aspect plus organique. Nicolas Wiese affectionne les variations brutales entre silence et volume sonore intense. Il faut être sur ses gardes, car le pilote est un peu brusque parfois ! Abstraites, étranges et composées de fragments divers, les compositions sont parfois lourdes et oppressantes. Du grand art pour un performer autant à l'aise dans les manipulations analogiques que numériques. Le second Cd <BREATHING GADGETS>, plus intéressant et plus surprenant encore, comporte une pièce de musique concrète en trois mouvements, diffusée sur la radio londonienne Resonance.fm sous le titre "One hour of breathing as if dependent on gadgets". Nicolas Wiese y joue de divers instruments (clarinette bass, piano, violoncelle) et divers objets inattendus (ustensile de cuisine, verre brisé, pneumatique humidifié...). Ces différentes sources sonores sont retravaillées, par le biais de collages et autres traitements sur ordinateur. Nicolas Wiese semble posséder une vision à 360° et assume très clairement ses prises de risque.

Cohérentes et irréprochables, les productions de AIC impressionnent ! De telles découvertes, on en demande tous les jours. L'art des bruits est décidément très vivace du côté de Hambourg !


+ nicolas-wiese.granulitpavillon.net

 

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