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Lart
des bruits. Manifeste futuriste 1913 :: Luigi Russolo :: Allia
:: 2003 :: 978-2844851147
Luigi
Russolo (1885-1947), peintre et musicien futuriste. Dès
1913, il aborde le "bruit" comme possibilité
d'élargissement de la matière sonore, et d'engendrer
une musique résolument moderne (notamment la possibilité
de faire de l'art avec les choses insignifiantes du quotidien).
Théoricien mais aussi praticien, il donne alors des
concerts exécutés avec des instruments bruitistes
qu'il construit lui-même (les bruiteurs).
En 1913, à lissue dune réflexion
sur lutilisation des bruits produits par la vie moderne,
il publie son manifeste de la musique futuriste, "LArt
des Bruits" (considéré comme la naissance
symbolique de la musique moderne).
Manifeste
futuriste du 11 mars 1913 / Luigi Russolo
Mon cher Balilla Pratella, grand
musicien futuriste,
Le 9 mars 1913, durant notre sanglante victoire remportée
sur 4000 passéistes au Théâtre Costanzi
de Rome, nous défendions à coups de poing
et de canne ta Musique futuriste, exécutée
par un orchestre puissant, quand tout à coup mon
esprit intuitif conçut un nouvel art que, seul,
ton génie peut créer : l'Art des Bruits,
conséquence logique de tes merveilleuses innovations.
La vie antique ne fut que silence. C'est au dix-neuvième
siècle seulement, avec l'invention des machines,
que naquit le Bruit. Aujourd'hui le bruit domine en souverain
sur la sensibilité des hommes. Durant plusieurs
siècles la vie se déroula en silence, ou
en sourdine. Les bruits les plus retentissants n'étaient
ni intenses, ni prolongés, ni variés. En
effet, la nature est normalement silencieuse, sauf les
tempêtes, les ouragans, les avalanches, les cascades
et quelques mouvements telluriques exceptionnels.
C'est pourquoi les premiers sons que l'homme tira d'un
roseau percé ou d'une corde tendue l'émerveillèrent
profondément.
Les peuples primitifs attribuèrent au son une origine
divine. Il fut entouré d'un respect religieux et
réservé aux prêtres qui l'utilisèrent
pour enrichir leurs rites d'un nouveau mystère.
C'est ainsi que se forma la conception du son comme chose
à part, différente et indépendante
de la vie. La musique en fut le résultat, monde
fantastique superposé au réel, monde inviolable
et sacré. Cette atmosphère hiératique
devait nécessairement ralentir le progrès
de la musique, qui fut ainsi devancée par les autres
arts. Les Grecs eux-mêmes, avec leur théorie
musicale fixée mathématiquement par Pythagore
et suivant laquelle on admettait seulement l'usage de
quelques intervalles consonants, ont limité le
domaine de la musique et ont rendu presque impossible
l'harmonie qu'ils ignoraient absolument. La musique évolua
au Moyen Age avec le développement et les modifications
du système grec du tétracorde. Mais on continua
à considérer le son dans son déroulement
à travers le temps, conception étroite qui
persista longtemps et que nous retrouvons encore dans
les polyphonies les plus compliquées des musiciens
flamands. L'accord n'existait pas encore ; le développement
des différentes parties n'était pas subordonné
à l'accord que ces parties pouvaient produire ensemble
; la conception de ces parties n'était pas verticale,
mais simplement horizontale. Le désir et la recherche
de l'union simultanée des sons différents
(c'est-à-dire de l'accord, son complexe) se manifestèrent
graduellement : on passa de l'accord parfait aux accords
enrichis de quelques dissonances de passage, pour arriver
aux dissonances persistantes et compliquées de
la musique contemporaine.
L'art musical rechercha tout d'abord la pureté
limpide et douce du son. Puis il amalgama des sons différents,
en se préoccupant de caresser les oreilles par
des harmonies suaves. Aujourd'hui, l'art musical recherche
les amalgames de sons les plus dissonants, les plus étranges
et les plus stridents. Nous nous approchons ainsi du son-bruit.
Cette évolution de la musique est parallèle
à la multiplication grandissante des machines qui
participent au travail humain. Dans l'atmosphère
retentissante des grandes villes aussi bien que dans les
campagnes autrefois silencieuses, la machine crée
aujourd'hui un si grand nombre de bruits variés
que le son pur, par sa petitesse et sa monotonie, ne suscite
plus aucune émotion.
Pour exciter notre sensibilité, la musique s'est
développée en recherchant une polyphonie
plus complexe et une variété plus grande
de timbres et de coloris instrumentaux. Elle s'efforça
d'obtenir les successions les plus compliquées
d'accords dissonants et prépara ainsi le bruit
musical.
Cette évolution vers le son-bruit n'est possible
qu'aujourd'hui. L'oreille d'un homme du dix-huitième
siècle n'aurait jamais supporté l'intensité
discordante de certains accords produits par nos orchestres
(triplés quant au nombre des exécutants)
; notre oreille au contraire s'en réjouit, habituée
qu'elle est par la vie moderne, fiche en bruits de toute
sorte. Notre oreille pourtant, bien loin de s'en contenter,
réclame sans cesse de plus vastes sensations acoustiques.
D'autre part, le son musical est trop restreint, quant
à la variété et à la qualité
de ses timbres. On peut réduire les orchestres
les plus compliqués à quatre ou cinq catégories
d'instruments différents quant au timbre du son
: instruments à cordes frottées, à
cordes pincées, à vent en métal,
à vent en bois, instruments de percussion. La musique
piétine dans ce petit cercle en s'efforçant
vainement de créer une nouvelle variété
de timbres. Il faut rompre à tout prix ce cercle
restreint de sons purs et conquérir la variété
infinie des sons-bruits.
Chaque son porte en soi un noyau de sensations déjà
connues et usées qui prédispose l'auditeur
à l'ennui, malgré les efforts des musiciens
novateurs. Nous avons tous aimé et goûté
les harmonies des grands maîtres. Beethoven et Wagner
ont délicieusement secoué notre coeur durant
bien des années. Nous en sommes rassasiés.
C'est pourquoi nous prenons infiniment plus de plaisir
à combiner idéalement des bruits de tramways,
d'autos, de voitures et de foules criardes qu'à
écouter encore, par exemple, I'" Héroïque
" ou la " Pastorale ".
Nous ne pouvons guère considérer l'énorme
mobilisation de forces que représente un orchestre
moderne sans constater ses piteux résultats acoustiques.
Y a-t-il quelque chose de plus ridicule au monde que vingt
hommes qui s'acharnent à redoubler le miaulement
plaintif d'un violon ? Ces franches déclarations
feront bondir tous les maniaques de musique, ce qui réveillera
un peu l'atmosphère somnolente des salles de concerts.
Entrons-y ensemble, voulez-vous ? Entrons dans l'un de
ces hôpitaux de sons anémiés. Tenez
: la première mesure vous coule dans l'oreille
l'ennui du déjà entendu et vous donne un
avant-goût de l'ennui qui coulera de la mesure suivante.
Nous sirotons ainsi, de mesure en mesure, deux ou trois
qualités d'ennui en attendant toujours la sensation
extraordinaire qui ne viendra jamais. Nous voyons en attendant
s'opérer autour de nous un mélange écurant
formé par la monotonie des sensations et par la
pâmoison stupide et religieuse des auditeurs, ivres
de savourer pour la millième fois, avec la patience
d'un bouddhiste, une extase élégante et
à la mode. Pouah ! Sortons vite, car je ne puis
guère réprimer trop longtemps mon désir
fou de créer enfin une véritable réalité
musicale en distribuant à droite et à gauche
de belles gifles sonores, enjambant et culbutant violons
et pianos, contrebasses et orgues gémissantes !
Sortons !
D'aucuns objecteront que le bruit est nécessairement
déplaisant à l'oreille. Objections futiles
que je crois oiseux de réfuter en dénombrant
tous les bruits délicats qui donnent d'agréables
sensations. Pour vous convaincre de la variété
surprenante des bruits, je vous citerai le tonnerre, le
vent, les cascades, les fleuves, les ruisseaux, les feuilles,
le trot d'un cheval qui s'éloigne, les sursauts
d'un chariot sur le pavé, la respiration solennelle
et blanche d'une ville nocturne, tous les bruits que font
les félins et les animaux domestiques et tous ceux
que la bouche de l'homme peut faire sans parler ni chanter.
Traversons ensemble une grande capitale moderne, les oreilles
plus attentives que les yeux, et nous varierons les plaisirs
de notre sensibilité en distinguant les glouglous
d'eau, d'air et de gaz dans les tuyaux métalliques,
les borborygmes et les râles des moteurs qui respirent
avec une animalité indiscutable, la palpitation
des soupapes, le va-et-vient des pistons, les cris stridents
des scies mécaniques, les bonds sonores des tramways
sur les rails, le claquement des fouets, le clapotement
des drapeaux. Nous nous amuserons à orchestrer
idéalement les portes à coulisses des magasins,
le brouhaha des foules, les tintamarres différents
des gares, des forges, des filatures, des imprimeries,
des usines électriques et des chemins de fer souterrains.
Il ne faut pas oublier les bruits absolument nouveaux
de la guerre moderne. Le poète Marinetti dans une
lettre qu'il m'adressait des tranchées bulgares
d'Andrinople me décrivait ainsi, dans son nouveau
style futuriste, l'orchestre d'une grande bataille :
1 2 3 4 5 secondes les canons de siège éventrer
le silence par un accord tam-toumb. Aussitôt échos
échos tous les échos s'en emparer vite l'émietter
l'éparpiller au loin infini au diable Dans le centre
centre de ces tam-toumb aplatis ampleur 50 kilomètres
carrés bondir 2 3 6 8 éclats massues cours
de Poing coups de tête batteries à tir rapide
Violence férocité régularité
jeu de pendule fatalité cette basse grave lenteur
apparente Scander les étranges fous très
jeunes très fous fous fous très agités
altos de la bataille. Furie angoisse hors d'haleine oreilles
Mes oreilles mes yeux narines ouvertes ! attention ! quelle
joie que la vôtre à mon peuple de sens voir
ouïr flairer boire tout tout tout taratatatatata
les mitrailleuses crier se tordre sous 1 000 morsures
gifles traak-traak coups de trique coups de jouet pic
pac poum-toumb jongleries bonds de clowns en plein ciel
hauteur 200 mètres c'est la fusillade. En contrebas
esclaffements de marécages rires buffles chariots
aiguillons piaffe de chevaux caissons flic flac zang zang
chaaak chaaak cabrement pirouettes patatraak éclaboussements
crinières hennissements iiiiiii tohubohu tintements
3 bataillons bulgares en marche croook-craaak (lentement
mesure à deux temps) Choumi Maritza o Karvavena
cria. d'officiers s'entrechoquant plats de cuivre pam
ici (vite) pac là-bas boum. pam-pam-pam-pam ici
là là plus loin tout autour très
haut attention nonde-dieu sur la tête chaaak épatant
! flammes flammes flammes flammes flammes flammes rampe
des forts là-bas Choukri Pacha téléphone
ses ordres à 27 forts en turc en allemand allô
Ibrahim ! Rudolf allô ! allô ! acteurs rôles
échos-souffleurs décors de fumée
forêts applaudissements odeur-foin-boue-crottin
je ne sens plus nies pieds glacés odeur de moisi
pourriture gongs flûtes clarines pipeaux partout
en haut en bas oiseaux gazouiller béatitude ombrages
verdeur cip-cip zzip-zzip troupeaux pâturages dong-dang-dongding-bééè
Orchestre Des fous frappent à coups redoublés
sur les professeurs d'orchestre ceux-ci courbés
battus battus jouer jouer jouer Grands fracas bien loin
d'effacer boire les bruits menus les revomir les préciser
hors de leur bouche-écho grand'ouverte diamètre
1 kilomètre Débris d'échos dans ce
théâtre de fleuves couchés villages
assis monts debout reconnus dans la salle Maritza Tungia
Rodopes 1er et 2e rang loges baignoires 2000 shrapnels
gesticulation explosion zang-toumb mouchoirs blancs pleins
d'or toumb-toumb nuages-poulailler 2000 grenades tonnerre
d'applaudissements Vite vite quel enthousiasme s'arracher
tignasses chevelures très noires zang-toumb-toumb
orchestre des bruits de guerre se gonfler sous une note
de silence suspendue en plein ciel ballon captif doré
contrôlant le tir.
Nous voulions entonner et régler harmoniquement
et rythmiquement ces bruits très variés.
Il ne s'agit pas de détruire les mouvements et
les vibrations irrégulières (de temps et
d'intensité) de ces bruits, mais simplement fixer
le degré ou ton de la vibration prédominante.
En effet le bruit se distingue du son par ses vibrations
confuses et irrégulières (quant au temps
et à l'intensité). Chaque bruit a un ton,
parfois aussi un accord qui domine sur l'ensemble de ces
vibrations irrégulières. L'existence de
ce ton prédominant nous donne la possibilité
pratique d'entonner les bruits, c'est-à-dire de
donner à un bruit une certaine variété
de tons sans perdre sa caractéristique, je veux
dire le timbre qui le distingue. Certains bruits obtenus
par un mouvement rotatoire peuvent nous offrir une gamme
entière, ascendante ou descendante, soit qu'on
augmente, soit qu'on diminue la vitesse du mouvement.
Chaque manifestation de notre vie est accompagnée
par le bruit. Le bruit nous est familier. Le bruit a le
pouvoir de nous rappeler à la vie. Le son, au contraire,
étranger à la vie, toujours musical, chose
à part, élément occasionnel, est
devenu pour notre oreille ce qu'un visage trop connu est
pour notre oeil. Le bruit, jaillissant confus et irrégulier
hors de la confusion irrégulière de la vie,
ne se révèle jamais entièrement à
nous et nous réserve d'innombrables surprises.
Nous sommes sûrs qu'en choisissant et coordonnant
tous les bruits nous enrichirons les hommes d'une volupté
insoupçonnée.
Bien que la caractéristique du bruit soit de nous
rappeler brutalement à la vie, l'art des bruits
ne doit pas être limité à une simple
reproduction imitative. L'art des bruits tirera sa principale
faculté d'émotion du plaisir acoustique
spécial que l'inspiration de l'artiste obtiendra
par des combinaisons de bruits. Voici les six catégories
de bruits de l'orchestre futuriste que nous nous proposons
de réaliser bientôt mécaniquement.
1. Grondements / Eclats / Bruits d'eau tombante / Bruits
de plongeon / Mugissements
2. Sifflements / Ronflements / Renâclements
3. Murmures / Marmonnements / Bruissements / Grommellements
/ Grognements / Glouglous
4. Stridences / Craquements / Bourdonnements / Cliquetis
/ Piétinements
5. Bruits de percussion sur métal, bois, peau,
pierre, terre-cuite, etc.
6. Voix d'hommes et d'animaux ; cris, gémissements,
hurlements, rires, râles, sanglots.
Nous avons enfermé dans ces six catégories
les bruits fondamentaux les plus caractéristiques
; les autres ne sont guère que les combinaisons
de ces derniers. Les mouvements rythmiques d'un bruit
sont infinis. Il n'y a pas seulement un ton prédominant,
mais aussi un rythme prédominant autour duquel
d'autres nombreux rythmes secondaires sont également
sensibles.
CONCLUSIONS :
1. - Il faut élargir et enrichir de plus en plus
le domaine des sons. Ceci répond à un besoin
de notre sensibilité. Nous remarquons en effet
que tous les compositeurs de génie contemporains
tendent vers les dissonances les plus compliquées.
En s'éloignant du son pur, ils arrivent presque
au son-bruit. Ce besoin et cette tendance ne pourront
être complètement satisfaits que par la jonction
et la substitution des bruits aux sons.
2. - Il faut remplacer la variété restreinte
des timbres des instruments que possède l'orchestre
par la variété infinie des timbres des bruits
obtenus au moyen de mécanismes spéciaux.
3. - La sensibilité du musicien, après s'être
débarrassée du rythme facile et traditionnel,
trouvera dans le domaine des bruits le moyen de se développer
et de se rénover, ce qui est facile étant
donné que chaque bruit nous offre l'union des rythmes
les plus divers, outre celui prédominant.
4. - Chaque bruit a parmi ses vibrations irrégulières
un ton général prédominant. C'est
pourquoi on obtiendra facilement dans la construction
des instruments qui doivent imiter ce ton une variété
suffisamment étendue de tons, demi-tons et quart
de tons. Cette variété de tons n'enlèvera
pas à chaque bruit la caractéristique de
son timbre, mais en augmentera l'étendue.
5. - Les difficultés techniques que nous offre
la construction de ces instruments ne sont pas graves.
Dès que nous aurons trouvé le principe mécanique
qui donne un certain bruit, nous pourrons graduer son
ton en suivant les lois de l'acoustique. Nous aurons recours,
par exemple, à une diminution ou une augmentation
de vitesse si l'instrument a un mouvement rotatoire. Nous
augmenterons ou diminuerons la grandeur ou la tension
des parties sonores si l'instrument n'est pas rotatoire.
6. - Le nouvel orchestre obtiendra les plus complexes
et les plus neuves émotions sonores, non par une
succession de bruits imitatifs reproduisant la vie, mais
par une association fantastique de ces timbres variés.
C'est pourquoi chaque instrument devra nous offrir la
possibilité de changer de ton et devra posséder
une plus ou moins grande extension de sonorité.
7. - La variété des bruits est infinie.
Il est certain que nous possédons aujourd'hui plus
d'un millier de machines différentes, dont nous
pourrions distinguer les mille bruits différents.
Avec l'incessante multiplication des nouvelles machines,
nous pourrons distinguer un jour, dix, vingt ou trente
mille bruits différents. Ce seront là des
bruits qu'il nous faudra non pas simplement imiter, mais
combiner au gré de notre fantaisie artistique.
8. - Nous engageons tous les jeunes musiciens vraiment
doués et audacieux à observer tous les bruits
pour comprendre les rythmes différents qui les
composent, leur ton principal et leurs tons secondaires.
En comparant les timbres variés des bruits aux
timbres des sons, ils constateront combien les premiers
sont plus variés que les seconds. On développera
ainsi la compréhension, le goût et la passion
des bruits. Notre sensibilité multipliée,
après s'être fait des yeux futuristes, aura
aussi des oreilles futuristes. Les moteurs de nos villes
industrielles pourront dans quelques années être
tous savamment entonnés de manière à
former de chaque usine un enivrant orchestre de bruits.
Mon cher Pratella, je soumets à ton génie
futuriste ces idées nouvelles en t'invitant à
les discuter avec moi. Je ne suis pas un musicien. Je
n'ai donc pas de préférences acoustiques
ni des oeuvres à défendre. Je suis un peintre
futuriste qui lance hors de lui, sur un art profondément
aimé, sa volonté de tout renouveler. C'est
pourquoi, plus téméraire que le plus téméraire
des musiciens de profession, nullement préoccupé
par mon apparente incompétence, sachant que l'audace
donne tous les droits et toutes les possibilités,
j'ai conçu la rénovation de la musique par
l'Art des Bruits.
Milan, 11 mars 1913.
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