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L'explosion commerciale de la musique électronique
: le numérique et la norme MIDI
Au
cours des années 70, un grand nombre de synthétiseurs
analogiques de marque sont sur le marché : ARP,
Crumar, E-mu Systems, Kawai, Korg,
Moog, Oberheim Electronics , PPG,
Rhodes, Roland, Sequential Circuits,
Simmons, Synton et Yamaha... Cependant,
l'étalonnage n'existant pas : lors de l'achat d'un
synthétiseur d'une marque, il est impératif
d'investir dans d'autres produits de cette même
compagnie pour bénéficier de la compatibilité.
En 1983, est créée la norme MIDI 1.0
(Musical Instrument Digital Interface) sous l'impulsion
de Ikutaro Kakehashi (fondateur et directeur de
la marque Roland) et Dave Smith (président
de Sequential Circuits). Cette norme d'interface permet
aux différents instruments de musique électronique
de marques et modèles différents de communiquer
entre eux. En 1983, Yamaha présente le synthétiseur
DX7, intégrant l'innovation MIDI, pour un prix
abordable. Le DX7 est le premier synthétiseur entièrement
numérique à utiliser la synthèse
FM (modulation de fréquence), développée
dès 1971 par John Chowning à l'université
de Stanford. Le succès commercial est immédiat
et sans précédent !
Dès
les premiers synthétiseurs des années 1970,
il parait évident que la musique électronique
peut devenir une industrie viable. Les ordinateurs et
les synthétiseurs analogiques sont devenus moins
chers et plus faciles d'emploi. Mais la plus importante
innovation des années 1970, est l'invention du
synthétiseur numérique ou digital
et l'accessibilité croissante à la technologie.
Ces nouveaux instruments combinent les possibilités
d'exécution des synthétiseurs analogiques
avec la précision des ordinateurs. Le premier exemple
de "synthèse hybride" est établi
en 1970 au Elektron Musik Studio de Stockholm où
un ordinateur PDP 15/40 permet de piloter des instruments
analogiques. En 1968-69, à Londres, des expériences
similaires sont menées par Peter Zinovieff
grâce à un mini-ordinateur Digital PDP-8
pour lequel Peter Grogono écrit le langage
de pilotage MUSYS-3. Le principe de la synthèse
hybride continue à être appliqué tout
au long des années soixante-dix (Synthi Sound,
PIPER, GROOVE) avant d'être supplanté définitivement
par les synthétiseurs numériques à
l'aube des années quatre-vingt.
Dès 1972, Jon Appleton et Sydney Alonso
construisent le premier synthétiseur numérique,
placé sous le contrôle d'un ordinateur à
Hanover aux Etats-Unis : le Dartmouth Digital Synthesizer.
Cameron Jones, alors étudiant à l'université,
en conçoit le logiciel. Trois ans plus tard, ils
décident de créer la New England Digital
pour commercialiser le futur Synclavier, en 1977.
Cette fois, l'instrument est clairement destiné
à la vente : d'abord réalisé à
cinquante exemplaires, la version II n'arrivera que vers
1980. Le synclavier reste un instrument très difficile
d'emploi et surtout très cher. Les premiers instruments
de musique entièrement numériques sont le
Synclavier II, et le Fairlight CMI (Computer
Musical Instrument) en 1979. Ce dernier est le premier
véritable échantillonneur numérique
(polyphonique 8 voix) du commerce : une révolution
pour le monde de la musique électronique, Il est
alors possible de créer et modifier des sons en
direct sur un moniteur. Malgré le prix exhorbitant
du Fairlight CMI, l''échantillonnage numérique
deviendra rapidement à la portée
de tous les musiciens avec le développement de
l'Emulator (1982), puis de l'Ensoniq Mirage
(1984) et l'Akai S-612 (1985)
Fin des années 1970, les synthétiseurs numériques
sont également en cours de développement
au CCRMA de l'université de Stanford et
surtout à l'IRCAM (série 4A, 4B,
4C et la 4X mise au point par Giuseppe Di Giugnoen
en 1981) sous l'impulsion de Pierre Boulez (Repons
- 1981). Dans les années 80, les recherches musicales
s'orientent vers le traitement du son en temps réel.
Au studio GRM, Jean François Allouis travaille
également sur un système de synthèse
digitale. En 1982, SYTER (SYstème TEmps
Réel) est commercialisé, le développement
se poursuit en 1988 avec Hugues Vinet qui adapte le système
pour les plateformes Macintosh : GRM tools est réalisé
en 1993. A la même époque on assiste au développement
du logiciel Max et du Yamaha Disklavier.
Milieu des années 80, les premiers ordinateurs
intégrant la norme MIDI apparaissent : l'Amiga
et surtout l'Atari ST. Ces nouveaux outils préfigurent
l'avènement progressif des "stations de travail"
ou "home studio".
Si les années 70 ont marqué la fin des gros
instruments modulaires, les années 80 voient la
fin des synthés analogiques et l'apparition de
différents types de synthèses numériques.
A partir du début des années 70, la créativité
dans le domaine de la musique "électronique"
n'est plus l'apanage des studios, des laborantins, ou
des compositeurs ayant une connaissance canonique de la
musique. La créativité vient désormais
et surtout des groupes rock ou d'avant-garde, les mélanges
et les combinaisons avec le free-jazz, le rock, les musiques
orientales, les sound system jamaïcains, les découvertes
des studios des années 50/60
sont d'une importance
première dans le processus créatif. La musique
populaire devient de plus en plus agrémentée
de bruit, d'atonalité, de confusion et de liberté
totale d'expérimentation.
konrad
Boehmer à propos de l'avenir de de la musique
électronique : "Question
difficile. Certainement pas dans les formes du concert
traditionnel. Je suis absolument convaincu que la
musique électronique doit créer de
plus en plus son propre environnement, qu'elle doit
s'allier avec d'autres formes artistiques modernes
comme par exemple le film ou toute autre forme visuelle.
La réussite sur le plan esthétique
dépendra des visions que les compositeurs
déploieront, des techniques qu'ils inventeront
pour les réaliser et des "coalitions"
qu'ils chercheront sur le plan artistique.
Je suis sûr que l'électronique vivra
de deux sources et s'en nourrira pour garantir son
avenir. La première est ce que j'appelle
la source sinesthésique: s'allier avec d'autres
formes de production artistique. La deuxième
est sur le plan spatial: la musique électroacoustique
doit nécessairement créer de nouveaux
types d'espaces sonores pour survivre. Donc, le
concert où l'on tourne une bande à
deux pistes que le public écoute par deux
haut-parleurs est d'ores-et-déjà condamné
à mort"
Citation
de François Bayle : "Si l'on
veut bien prendre conscience des quelques immenses
inventions qui dominent le monde (parmi elles, à
l'aube du temps, le feu maîtrisé, plus
récemment l'électricité, et
plus près encore l'image/son disponible à
volonté, dans sa nature ou dans sa synthèse
aussi bien) alors nous auditifs, nous musiciens,
saluons l'invention du son !
Et par là je veux désigner l'impalpable
matière temporelle qui provoque cette si
vive sensation colorée, cette étonnante
émotion vite évaporée qui travaille
la mémoire : le son, matériau chaotique
ou organisé, dont la musique est la structure".
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s u g g e s t i o n s
d ' é c o u t e
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> Michel
Redolfi
Pacific Tubular wawes, 1977
Appel dair, 1991
>
Bernard Parmegiani
Exercisme
3, 1986
>
Åke Parmerud
Les
objets obscurs, 1991
>
François Bayle
Mimaméta,
1989
>
Gilles Racot
Subgestuel,
1991
>
Daniel Teruggi
Instants
dhiver, 1993
> Herbie Hancock
Rock it, 1983
> Pierre Boulez
Repons, 1981
> Philippe Manoury
Jupiter, 1987
>
John Cage & Sun Ra
john cage meets sun ra, 1987
> Jon Appleton
Srereopticon, 1972
Georganna's Farewell, 1975
In Medias Res, 1978
Duo for Oscar for Piano and Synclavier, 1985
> Karlheinz Stockhausen
Kathinka's Gesang, 1985
> Laurie Anderson
O Superman, 1981
White Lily, 1986
>Joel Chadabe
Solo, 1978
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