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• Le début de l'ère commerciale : les premiers synthétiseurs analogiques, Moog, Ketoff, EMS, ARP...

Robert Moog (1934-2005)En 1964, l'arrivée des premiers synthétiseurs modulaires, dits "analogiques" bouleverse de nouveau la conception musicale : les connaissances poussées ne sont plus nécessaires, tout devient aisément accessible. En 1964, trois synthétiseurs analogiques basés sur la commande par tension des oscillateurs (VCO), amplificateurs (VCA) et filtres (VCF), sont indépendamment inventés par un électronicien de formation Robert Moog (1934-2005), par Paolo Ketoff à Rome, et Donald Buchla avec l'aide de Morton Subotnick et Ramon Sender au San Francisco Tape Music Center (1). Ces nouveaux synthétiseurs modulaires permettent de créer, filtrer et modifier aisément des sons électroniques mais également de disposer d'une palette de sonorités et d'effets résolument novateurs pour l'époque.

En 1963, Robert Moog rencontre le compositeur Herb Deutsch. "J'ai rencontré un musicien qui m'a demandé si je connaissais quelque chose en musique électronique. Il s'appelait Robert Deutsch. Il m'a invité à un de ses concerts afin que je puisse écouter sa musique. Peu après, nous avons décidé de collaborer. J'ai alors construit de petits circuits électroniques pour qu'il puisse créer les sons qu'il voulait. Il a pris ces circuits, et en travaillant avec un magnétophone, il a créé une nouvelle musique. C'est de ces premières expériences qu'est né le synthétiseur analogique et modulaire : le Moog".

Le changement révolutionnaire qu'apporte le synthétiseur Moog réside dans la commande par tension de l'oscillateur, du filtre et de l'amplificateur : tout devient plus rapide, plus précis, automatique. Le succès du Moog est immédiat et beaucoup de compositeurs s'en servent pour réalisSynthétiseur modulaire Moog 1967er des musiques de films de science-fiction ou des indicatifs d'émissions de télévision. Dès 1967, le synthétiseur Moog System 1 est construit en série. Le premier synthétiseur est vendu au chorégraphe Alwin Nikolais. Walter Carlos utilise un synthétiseur Moog pour enregistrer "Switched on Bach" (musique classique jouée sur un Moog - 1968), ce disque fait véritablement connaître les synthétiseurs analogiques auprès d'un large public. Le Moog est d'abord utilisé par les représentants de la "Space age pop" : Jean-Jacques Perrey, Gershon Kingsley, Walter Sear, Bruce Haack, Hugo Montenegro, Mort Garson et les Zodiac Cosmic Sounds, Dick Hyman et le tout premier hit single entièrement électronique "The Minotaur", ou encore Alwin Nikolais, Claude Denjean, avant d'être intégré dans la pop musique et le jazz : Emerson Lac & Palmer, Kraftwerk, Brian Eno
, Heldon (Richard Pinhas), Tonto's Expanding Head Band (2) (Robert Margouleff et Malcolm Cecil), Beaver and Krause (Paul Beaver et Bernie Krause), Frank Zappa, Paul Bley, Annette Peacock, Herbie Hancock, Funkadelic (par Bernie Worrel) et même Sun Ra (1914-93) et son Arkestra pour ses expérimentations cosmiques.


De son côté, Don(ald) Buchla travaille étroitement avec Morton Subotnick tout au long de l'année1965 pour affiner la conception de son synthétiseur, et vers la fin de l'année, la série 100 du "BuchlaModular Electronic Music Buchla  200e Electric Music BoxSystem" voit le jour au San francisco Tape Music Center. Subotnick crée une série de travaux avec le synthétiseur Buchla dont le fameux "Silver Apples of the Moon"en 1967, puis " Wild Bull" et "Touch" respectivment en 1968 et 1969. En 1966 et 1967, Pauline Oliveros utilise également la fameuseSérie 100 pour la création de "Alien Bog" et "Beautiful Soop". Au début des années 70, d'autres compositeurs exploreront également les possibilitées de "Buchla synthesizer" : Laurie Spiegel, Charlemagne Palestine, Eliane Radigue, Rhys Chatham...


Paul Ketoff
crée à Rome, en 1964, le Synket (SYNthesizer, KEToff) pour "RCA Italiana". Un synthétiseur destiné aux performances live, pour le compositeur John Eaton : "Concert Piece for Synket and Symphony Orchestra" (1967). Le Synket est également utilisé par le groupe R7 (Roma 7) dont fait partie Enio Morricone, et 6 autres individus, tous munis du même synthétiseur.


En 1969, Peter Zinovieff, crée la société EMS (Electronic Music Studio) et présente son premier synthétiseur, le Synthi VCS 3 (aka "Putney" ) bientôt suivi du Synthi A (aka portabella) puis du Synthi 100 (aka the Delaware) en 1970 et du Synthi AKS en 1971. Parmi les premiers utilisateurs : Tristram Cary, Edgar Froese, Malcolm Cecil, Tim Blake (Gong), David Vorhaus, Kraftwerk...


ARP 2500Toujours aux Etats-Unis, et la même année, la société ARP Instruments Inc. est fondée par Alan R. Pearlman, les principaux synthétiseurs sont l'ARP 2500 (modulaire) en 1970 , puis le 2600 (portable) en 1971 (c'est avec un ARP 2600 qu'est créée la voix du robot R2D2 "Star Wars" de George Lucas). En 1972, sort le ARP Odyssey I (Model 2800) pour concurrencer le Minimoog. L'Odyssey sera à jamais le plus populaire synthé d'ARP.

 

Les années 1970 voient arriver sur le marché une multitude d'instruments électroniques, dont certains sont modulaires et/ou portables, et/ou polyphoniques, et/ou programmables grâce aux mémoires analogiques : le Synthi Vcs-3, Synthi AKS, Synthi 100, EML ElectroComp 500, Minimoog (portatif avec ses sons de basse si caractéristiques), polymoog, ARP 2500 et 2600, ARP Quadra, Oberheim (OB-1, OB-4 et OB-8 : premier synthétiseur polyphonique offrant la possibilité de jouer 2, 4, 6 ou 8 notes simultanément), Prophet-5 (en 1978 de Sequential Circuits : premier synthétiseur analogique polyphonique, dont le système est piloté par un microprocesseur), le Piper (1965), Minikorg, Korg MS 10 et MS 20, le Modular d' E-MU, Yamaha CS 30 et CS 80, Roland System 100...

 

A partir de 1967, la musique "Populaire", à base de Rock commence ses premières expérimentations grâce à l'arrivée de tous ces instruments sur le marché :
Aux Etats-Unis, Frank Zappa : électronique et bandes magnétiques sur l'album "We're Only In It For The Money !" en 1968. Il en va de même pour les groupes psychédéliques tels que United States of America de New York ou White Noise (David Vorhaus aidé par Delia Derbyshire) qui intègrent aussi dans leurs musiques des instruments électroniques et des techniques d'avant-garde. Dès 1968, The Residents se servent des techniques d'enregistrement sur l'album "Third Reich'n Roll". La même année, les New-Yorkais, Danny Taylor et Simeon du groupe Silver Apples utilisent des oscillateurs électroniques dans leur Pop psychédélique aux rythmes métronomiques, mais aussi : Lothar & The Hand People, Fifty Foot Hose. Mother Mallard's de David Borden devient le tout premier groupe entièrement électroPublicité pour le Synthi AKSnique. Pour continuer cette énumération : l'électronique expérimentale "psychédélique" d'Intersystems (John Mills-Cockell...), au Canada, dès la fin des années 60. N'oublions pas Pink Floyd et en Allemagne, les groupes tels que Kraftwerk, Tangerine Dream, Faust, Neu !, Kluster : "Klopfzeichen", Cluster, Can et Holger Czukay, Conrad Schnitzler qui utilisent également les nouveaux instruments électroniques pour créer une musique agrémentée de bruit, d'atonalité et de confusion s'inspirant de compositeurs tels que Stockhausen, Riley ou La Monte Young. Holger Czukay réalise des "collages cassette" d'une beauté incroyable sur l'album "Canaxis" en 1968 quelques mois avant la fondation de Can. En Angleterre, les improvisations sur machines électroniques de Throbbing Gristle, collectif à l'origine du mouvement industriel. Brian Eno est également l'un de ces pionniers dans le maniement des bandes, boucles, enchaînement, superpositions et autres manipulations sonores : ses collaborations avec Robert Fripp au début des 70's avec "No Pussyfooting" et "Evening Star". Il développe ensuite son concept de "musique environnementale" sur "Music for Airports" en 1978. Au tout début des années soixante-dix, avec l'apparition des premiers synthétiseurs à des coûts abordables apparait également en France une scène de musiciens aventureux tels que Gong, Lard Free, Heldon, Richard Pinhas, Gilbert Artman, Camizole, Verto, Vidéo-aventures, et Pascal Comelade.



(1) Le SFTMC acceptera une offre de 15 000 $ pour déménager vers le Mills college et faire partie du "Mills Center for Contemporary Music".
(2) T.O.N.T.O. : The Original New Timbral Orchestra, est le nom d'un synthétiseur conçu par Mlacolm Cecil et composé d'un moog Modular augmenté de plusieurs modules d'autres marques : Oberheim, Arp 2500 et 2600, EMS, Blacett...

 

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  s u g g e s t i o n s
  d ' é c o u t e



> Pauline Oliveros

Bye Bye Buterfly, 1965
I of IV, 1966
A little Noise in the System, 1966
Alien Bog, 1967
Beautiful Soop, 1967

> Douglas Leedy
Entropical Paradise, 1969

> Morton Subotnick
Silver apples of the moon, 1967
The Wild Bull, 1968
Sidewinder, 1970
Four Butterflies, 1971

> John Eaton
Songs for RPB, 1965
Concert Piece for Synket and Symphony Orchestra, 1967
Duet, 1968
Mass, 1970

> Marc Battier

Re Cosa Materiale, 1976

> Walter/Wendy Carlos

Switched-On Bach, 1968
Well-Tempered Synthesizer, 1969

> Parliament
Flash Light, 1977

> Hans Werner Henze
Glass Music, 1970
Prison Song, 1971

> Harrison Britwistle
Four Interludes, 1969
Signals, 1970


> Emerson, Lake & Palmer

Lucky Man, 1970

> Jean Jacques perrey

EVA, 1970

> Faust
Why Don't You Eat Carrots, 1971
Meadow Meal, 1971
Just a Second, 1973

> Kraftwerk
Kling Klang, 1971
Autobahn, 1974
The Robots, 1978

> Neu
Neu 2

> Beaver & Krause
Ragnarok Electronic Funk, 1969

> Holger Czukay
Boat-Woman-Song, 1969

> Franck Zappa
Uncle Meat, 1967

>The Grateful Dead
Anthem of the Sun, 1967


> Tonto's Expanding Head Band
Cybernaut, 1971

> David Borden and Mother Mallard
Easter, 1970

> Laurie Spiegel
Mines, 1971
Return To Zero, 1972

Sediment, 1972

> Cluster
A1, 1971

Untitled, 1971

> Conrad Schnitzler
Meditation, 1972
Krautrock, 1972


> Herbie Hancock
Palm Grease, 1974
Rain Dance, 1973

> Throbbing Gristle
Discipline, 1979

 

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