Vendredi
8 avril 2005, Charlemagne Palestine et Tony Conrad donnaient
un concert exceptionnel en ouverture de la 3ème
édition du festival I.D.E.A.L. à Nantes,
au Lieu Unique !
L'occasion de découvrir deux pionniers emblématiques
de la musique minimaliste et de l'avant-garde new-yorkaise
des années 60.
A 20h30 précises, la performance de drone music
débute par une seule et même pièce
mouvante, méditative, intense et spirituelle
mais bizarrement sans incursion dans les méandres
des hautes fréquences (volume sonore trop faible
!).
Les
ombres des musiciens, projetées sur l'écran
de fond de scène, ajoutent au cérémonial
un caractère fantomatique et spirituel ! Sur
scène, Charlemagne Palestine dégage une
énergie incroyable (comme à son habitude),
martelant les touches de son piano pendant toute la
durée du concert, pendant que Tony Conrad debout
avec son violon répète à l'infini
le même mouvement d'archet. Charlemagne Palestine
s'adonne également à des vocalises tantriques
qui nous rappellent les influences de la musique indienne,
mais aussi tibétaine, balinaise et ses propres
expériences de chant traditionnel au sein de
la communauté juive du quartier ouvrier de l'East
New York dans les années 50.
Natifs
tous les deux de New York et complices depuis plus de
40 ans, nos compères sexagénaires coiffés
de chapeaux de feutre bercent l'auditoire et ouvrent
un immense espace pour le rêve. Bourdonnement
continuel, infimes variations : une recette maintes
fois éprouvée mais toujours aussi efficace.
La durée d'exécution de la sculpture sonore
ne dépasse pas 60 minutes. Après quelques
secondes de silence, le public (en petit nombre) frémit
dans l'espoir d'une éventuelle prolongation.
Et Charlemagne Palestine de préciser : "we
can play for hours and hours... another time".
Pour bénéficier d'une performance de plusieurs
heures, il faudra évidemment les réinviter
dans une configuration autre que celle d'un festival
où le timing de la programmation ne laisse que
très peu de liberté aux performers !
Après
un dernier rituel de congratulations réciproques
(bises, poignées de mains, gentillesses verbales...),
les deux icônes s'éclipsent, en même
temps que les Teddy Bears et autres peluches, membres
du zoo hybride portatif du chamanique et illuminé
Charlemagne Palestine !
Une
performance intense et inoubliable, mais malheureusement
trop courte !