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Studio di Fonologia, Columbia-Princeton Electronic Music Center, RCA Mark II et autres studios

En 1954, Luciano Berio (1925-2003) et le compositeur et chef d'orchestre Bruno Maderna décident de travailler ensemble pour explorer le potentiel de la Tape Music (manipulations de bandes magnétiques) en créant le Studio di Fonologia à la Radio Audizioni Italiane (RAI) de Milan. Les travaux les plus importants du studio sont axés sur le traVladimir Ussachevskyitement de la voix. La pièce la plus connue de Luciano Berio est Hommage à Joyce en 1958 : Berio demande à son épouse, Cathy Berberian, de lire le chapitre 11 d'Ulysse de James Joyce, il traite alors les mots électroniquement en découpant la bande. L'intérêt particulier de ce mélange, réside dans le collage qui suggère à l'auditeur une réappropriation complète du texte d'origine. Beaucoup de compositeurs sont venus travailler au "Studio di Fonologia" de Milan, comme John Cage, Niccolo Castiglioni, Aldo Clementi, Luigi Nono, André Boucourechliev, Bengt Hambraeus et Henri Pousseur qui y compose Scambi (échanges) en 1954.

Autres Studios :

Studio privé de Louis et Bebe Barron en 1951, à New York. Ce studio accueillera le Project of Music for Magnetic Tape de John Cage, David Tudor, Earle Brown, Morton Feldman et Christian Wolf en 1952
Studio Apelac à Bruxelles en 1958, où travailleront : Henri Pousseur, Leo Küpper et Arsène Souffriau.
BBC Radiophonic Workshop en 1958 à Londres : Ron Grainer, Delia Derbyshire
Studio for Experimental Music - University of Illinois - USA, 1958 - Lejaren Hiller, Herbert Brün, Kenneth Gaburo, Salvatore Martirano et la création du "Sal-Mar Construction" (un synthétiseur d'exécution de 24 canaux en temps réel), James Beauchamp et la construction en 1964 du "Harmonic Tone Generator", l'un des premiers synthétiseurs modulaires analogiques
CSEM : Cooperative Studio for Electronic Music - 1958 (University of Michigan, Ann Arbor, USA - Fondé par Gordon Mumma et Robert Ashley
Studio privé Gravesano de Hermann Schrechen dès 1954 en Suisse
NHK - Radio Nippon Horo Kyokai à Tokyo en 1955 où sont créées des oeuvres très "mathématiques", avec notamment des influences du langage musical traditionnel japonais : Toru Takemitsu (water music), Joji Yuasa, Suzuki Hiroyoshi, Kasuo Fukushima : ils forment d'ailleurs le "Jikken Kobo"(1) (atelier expérimental), Shinishi Matsushita, Toshiro Mayuzumi, Makoto Moroï, Toschi Ichiyanagi
Estudio de Fonologia Musical en 1958 à Buenos Aires et le CLAEM en 1963 - Fernando von Reichenbach, Jorge Antunes
Studio de musique électronique de l'Université de Toronto en 1959 - Otto Joachim, Gustav Ciamaga, serge Garant, Pierre Mercure, Istvan Anhalt, R. Murray Schafer
San Francisco Tape Music Center à San Francisco, USA en 1962 - Morton Subotnick, Pauline Oliveros, Ramon Sender, Terry Riley, Steve Reich, Anthony Martin
Studio MOSFilm en 1957 à Moscou - Edward Artemiev, Sofia Gubaidulina, Edison Denisov, Alfred Shnitke, Oleg Buloshkin, Alexander Nemtin, Stanislav Kreitchi, Shandor Kallosh - Synthétiseur ANS
Studio Eksperymentalne de la radio polonaise à Varsovie en 1957 - Wiszniewski, Joseph Patkowski, Boguslaw Schaffer, Wladimir Kotonski, Christophe Penderecki, Eugenius Rudnik, Andrzej Dobrowolsk
Studio de la Siemens Company en 1957 à Munich - Développement du Synthétiseur Siemens par Helmut Klein et W. Schaaf : système similaire au synthétiseur RCA - Josef Anton Riedl, Herbert Brün, Henri Pousseur, Ferdinant Kriwet, Paul Pörtner, Dieter Schnebel, Milko Kelemen...
Philips Research Laboratories en 1956 à Eindhoven - Henk Badings, Edgard Varèse, Dick Raaijamakers (aka Kid Baltan
), Tom Dissevelt
STEM (2) puis Instituut voor Sonologie à l'Université d'Utrecht en 1960 - G. M. Koenig, K. Boehmer, F. Weiland, Ponse, D. Raaijmakers, F. Weiland, T. Bruynel, R. Riehn [+]
Studio de musique électroacoustique de l'université McGill en 1964 à Montréal - Istvan Anhalt, Hugh Lecaine
Studio EMS à Stockholm en 1965
Sonic Arts Union en 1966 à l'University of Brandeis aux USA - Premier studio d'enseignement de l'électronique - Mumma, Behrman, Ashley, Lucier

... et un peu partout dans le monde (3)

Cette période est passionnante dans l'histoire de la musique, beaucoup de compositeurs pensent que toute chose est possible, ils partagent le même but commun : créer de nouveaux genres musicaux basés sur la disponibilité de tous les sons.

Aux Etats-Unis, le 28 Octobre 1952, Vladimir Ussachevsky (1911-1990) et le compositeur Otto Luening (1900-1996) présentent en concert leur musique au MOMA (Musée d'art moderne de New-York), c'est le premier concert public de Tape music aux Etats-Unis (4) . Le programme inclut les titres "Sonic Contours" d'Ussachevsky, "Low SpRCA Mark II, mis au point par Harry Olson et Herbert Belar aux laboratoires Sarnoff à Princeton, New Jersey, en 1957eed", "Invention" et "Fantasy in Space" de Luening. Cette débauche d'activité entraîne en 1959, la création du Columbia-Princeton Electronic Music Center (5) et l'acquisition du synthétiseur électronique RCA Mark II, mis au point par Harry Olson et Herbert Belar, grâce à une subvention de 175 000 $ de la fondation Rockefeller. Le synthétiseur RCA est programmable par l'intermédiaire de deux claviers alpha-numériques et de papier perforé. Le modèle II contient 1750 tubes à vide de six mètres sur deux. Les synthétiseurs RCA sont l'apanage de Milton Babbitt, compositeur et professeur à l'université de Princeton, qui crée en 1964 : "Ensembles for synthesizer". Otto Luening et Vladimir Ussachevsky, les principaux instigateurs ont également travaillé avec cette machine, ainsi que Bulent Arel, Mario Davidovsky et Charles Wuorinen (né en 1938) "Time's Encomium" (1968-69).

Mario Davidovsky, arrivé d'Argentine en 1960, devient un des principaux compositeurs de Tape Music : Synchronisms n°5 (1969) avec bruits électroniques sur bande et des percussionnistes jouant live est un bon exemple du style de Davidovsky. Le RCA II est cependant trop compliqué pour devenir commercialement viable. Dans la décennie suivante, plus de 60 compositeurs de 11 pays différents viennent au Columbia-Princeton Electronic Music Center de New-York pour y travailler. Parmi eux : Bülent Arel, Halim El-Dabh, Michiko Toyama, Mel Powell, Jacob Druckman, Charles Dodge, Ilhan Mimaroglu, Ingram Marshall ("Gambuh"), Daria Smegen, Alice Shields, Smiley et Druckman. [+]

Autre approche : les musiques mixtes ou Live Music associent les sons sur bande magnétique, les instruments et les voix jouées en direct : "Orphée 51" de Pierre Henry et Pierre Schaeffer pour soprano et bande (1951), "Musica su due dimensioni" de Bruno Maderna pour flûte et bande (1954), "Polygraphies polyphoniques n°1" de Jean Etienne Marie pour violons, bande et images (1957), "Kontakte" de Karlheinz Stockhausen pour piano, percussion et bande (1960), "Laborintus II" de Luciano Berio (1965), mais aussi des œuvres d'Ivo Malec, Luigi Nono et Luc Ferrari.


(1) premier concert public de musique électronique au Yamaha Hall de Tokyo en 1956
(2) STEM : STudio voor Electronische Muziek (jusqu'en 1967)
(3) Selon une étude, il existait en 1968, 556 studios (hormis les studios privés) , et ceci dans 39 pays
(4) Vladimir Ussachevsky et Otto Luening réaliseront la B.O du film King Lear d'Orson Welles en 1956
(5) fusion entre le Columbia University Electronic Music Studio de Otto Luening et Vladimir Ussachersky fondé en 1955, et le Colombia Princeton Studio de Milton Babbit

 

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  s u g g e s t i o n s
  d ' é c o u t e



> Bruno Maderna
Musica su due dimensioni, 1952
Concerto pour flûte et orchestre, 1954
Syntaxis, 1957
Nutturno, 1956
Continuo, 1958
Le rire, 1962

> Luciano Berio
Mutazioni ,1956
Perspectives, 1957
Thema - Omaggio a Joyce, 1958
Differences, 1960
Momenti, 1960
Visage, 1961

> Luigi Nono
La fabrica illuminata, 1964
Contrappunto dialettico alla mente, 1968
No consumiano marx, 1969

> Vladimir Ussachevsky
Sonic Contours, 1952
Incantation for Tape, 1953
Piece for Tape Recorder, 1956
Wireless Fantasy, 1960

> The Beatles
Revolution 9, 1968

> Otto Luening
Fantasy in space, 1952
Low Speed, 1952
Of Wood and Brass, 1957
Gargoyles, 1960

> Milton Babbitt
Ensemble for synthesizer, 1964
Philomel, 1964
Vision and Prayer, 1964
Phonemena, 1969-75
Concerti, 1974-76

> Luening & Ussachevsky
A Poem in Cycles and Bells

> Henri Pousseur

Scambi, 1957
Rimes, 1959
Trois visages de liège, 1963

> Toru Takemitsu
Static Relief, 1955
Ki-Sora-Tori, 1956
Water Music, 1960

> Joji Yuasa
Aoi no ue, 1961
Projection Esemplastic for White, 1964
Icon On The Source Of White Noise, 1967

>
Mario Davidovsky
Contrastes n°1, 1960
composed Synchronism n° 1, 1963
Sychronisms n° 3, 1965

> Gottfried Michael Koening
Terminus 2, 1966-67
Function Grün, 1967
funktion orange, 1968
Fonctions, 1968-70

>
Kenneth Gaburo
Antiphony III, 1962
Lemon Drops, 1965
Antiphony IV, 1967
Dante's Joynte, 1968

> Konrad Boehemer

Aspekt, 1966-68

> Dick Raaijmakers
piano-forte, 1959-60

> Tom Dissevelt
Whirling, 1958
Syncopation, 1958
Vibration, 1959
Fantasy in Orbit, 1969

> Frits Weiland
Studie in lagen impulsen, 1961

> Ton Bruynel
Reflexen, 1961

> Rainer Riehn
Chants de maldoror, 1965-69

> Charles Wuorinen
Electronic Exchanges, 1965
Time's Encomium,
1968-69


> Bülent Arel
Postlude, 1961
Stereo Electronic Music #1 et #2, 1964-70

> Alice Shields
Study for Voice and Tape, 1968
In Celebration, 1975

> Charles Dodge
Earth's Magnetic Field, 1970
Any Resemblance Is Purely Coincidental, 1980
He Destroyed Her Image, 1972

>
Ilhan Mimaroglu
Agony, 1965
Prelude No. 8, 1966

> Ingram Marshall
Cortez, 1973

> Pril Smiley
Eclipse, 1967


> Jorge Antunes
Auto-Retrato Sobre Paisaje Porteño, 1970

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